Comprendre et accompagner une thyroïdite de Hashimoto
Chère amie, cher ami,
La thyroïdite d’Hashimoto est une inflammation auto-immune chronique de la thyroïde. (1)
Elle porte le nom du médecin japonais qui a découvert et décrit cette maladie chez quatre de ses patientes en 1912. (2)
Hakaru Hashimoto aurait pu avoir une longue carrière de chercheur.
Mais il a préféré, après 9 ans de travaux académiques, notamment en Europe, se consacrer à la médecine familiale, qu’il exerçait dans une petite clinique de sa ville natale.
Médecin réputé, il recevait de très nombreux patients. (2)
Mais le cas de ces quatre femmes l’a particulièrement intrigué.
Elles avaient toutes un goitre dont il a analysé les tissus en laboratoire.
Il s’est rendu compte que chez ces patientes, il y avait bien plus de cellules immunitaires présentes dans les tissus que chez les autres malades ayant un goitre.
Deux de ces patientes souffraient par ailleurs d’hypothyroïdie : leur thyroïde ne produisait pas assez d’hormones. (3)
Après avoir exclu diverses pathologies de la thyroïde connues à cette époque, il était persuadé que cette maladie n’avait pas été décrite jusque-là. (2)
Son travail a, par la suite, été reconnu par ses pairs, qui pour lui rendre hommage ont associé son nom à cette pathologie. (2)
Des symptômes très variés
La thyroïdite d’Hashimoto est considérée comme une maladie commune, mais bénigne. (4)
Son incidence est de 100 pour 100 000 par an. Elle est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes. (4)
Elle est marquée par la présence d’anticorps dans le sang. (4)
Elle se manifeste à travers différents symptômes tels que (5, 6,7) :
- un cou enflé ou douloureux,
- le visage gonflé,
- une gêne à la gorge,
- la voix qui change,
- une déglutition difficile,
- une respiration difficile,
- une intolérance à la chaleur ou au froid,
- la perte de cheveux,
- l’infertilité,
- des troubles du sommeil,
- de la fatigue,
- une mémoire qui flanche,
- des troubles dépressifs,
- une concentration altérée,
- des pertes ou des gains de poids soudains,
- des calculs biliaires,
- un dysfonctionnement de la vésicule biliaire,
- des troubles digestifs,
- de la rétention d’eau,
- des troubles musculaires,
- de la nervosité,
- des douleurs articulaires,
- une peau jaunie ou épaissie.
Ces symptômes ne sont pas cumulatifs et heureusement !
Un diagnostic confirmé par différents marqueurs biologiques
Afin de diagnostiquer une thyroïdite d’Hashimoto, les médecins constatent la présence de plusieurs de ces symptômes par un examen clinique.
Différents outils peuvent ensuite aider le médecin comme l’imagerie.
Ils peuvent aussi vous prescrire des analyses de sang qui peuvent permettre de détecter la présence d’anticorps qui agissent spécifiquement contre la thyroïde. (5,6,7)
Car dans la thyroïdite d’Hashimoto, le corps ne tolère plus ses propres tissus. Et le système immunitaire se met à attaquer la thyroïde pour la détruire.
Ce phénomène se produit pour des raisons génétiques ou environnementales.
Les facteurs déclenchants
Parmi les facteurs qui peuvent déclencher ou accélérer l’apparition de la maladie, il y a (8,9,10,11) :
- certaines infections virales comme l’herpès ou les hépatites,
- des infections bactériennes comme Helicobacter pylori qui touche 15 à 30% de la population ou Toxoplasma gondii, agent de la toxoplasmose par exemple,
- un déséquilibre du microbiote, notamment lorsque le niveau de certaines bonnes bactéries chute comme les familles des bifidobactéries ou des lactobacilles,
- le stress chronique qui perturbe le microbiote ainsi que les systèmes nerveux, immunitaire et endocrinien,
- l’excès de radicaux libres,
- les métaux lourds et autres toxiques,
- les perturbateurs endocriniens dont les plastiques, le Bisphénol A, les pesticides et les retardateurs de flammes,
- les carences nutritionnelles comme le manque de fer ou de sélénium,
- le manque de vitamine D,
- le manque d’iode,
- les troubles hormonaux, notamment après l’enfantement,
- les radiations répétées,
- certains médicaments.
L’obésité et la présence d’un autre problème auto-immun peuvent être des facteurs contributifs.
Les traitements hormonaux
Votre médecin conventionnel, pour soigner la thyroïdite d’Hashimoto, n’a pas énormément d’options.
Il vous donnera du Levothyrox qui contient des hormones thyroïdiennes T4. (12)
Il existe aussi des traitements combinant les hormones T4 et T3.
De même, dans certains pays comme au Canada, il est possible d’avoir accès à des hormones naturelles de porc ou de bœuf dont l’avantage est d’apporter une gamme complète d’hormones thyroïdiennes : T1, T2, T3, T4 et rT3. (12,13,14)
Les traitements hormonaux sont par nature délicats et ne peuvent être prescrits que par votre médecin.
Ce dernier devrait normalement assurer un suivi de cette prescription pour voir comment les choses évoluent.
Quelle alimentation protège la thyroïde ?
Votre objectif si vous avez une thyroïdite de Hashimoto est d’éviter autant que possible toute source d’inflammation alimentaire.
Le premier conseil que la plupart des médecins et thérapeutes donnent est de sortir autant que possible du gluten. (15,16,17,18)
Cette protéine inflammatoire que l’on trouve dans le blé moderne accentue le problème.
Pour cela, vous devez éviter tous les produits contenant de la farine de blé.
Vous pouvez aussi adopter une alimentation paléolithique, c’est-à-dire une alimentation qui rappelle celle des chasseurs-cueilleurs d’il y a 10 000 ans.
Cette alimentation est à base de produits animaux nourris le plus naturellement possible, de légumes et de fruits.
Elle évite le blé, la farine de blé, mais aussi l’ensemble des céréales sauf le riz, les légumineuses et les pommes de terre.
En alternative, vous pouvez adopter une alimentation de type méditerrannéen en remplaçant le blé par des substituts comme le sarrasin (ou blé noir), le riz, le petit épeautre, le millet, l’amarante ou le maïs.
L’avoine est un substitut en théorie, mais le risque de croisement entre les deux plantes fait qu’il peut tout de même y avoir des traces de blé et de gluten dans les produits que vous achetez.
Le sucre blanc et les produits trop sucrés sont également à éviter. (18)
Il est également possible que certains aliments spécifiques soient source d’inflammation chez vous.
Dans ce cas, l’idéal est de prendre le temps avec un nutritionniste de supprimer différentes catégories d’aliments avant de les réintroduire.
L’objectif est de déterminer si vous avez une allergie ou une sensibilité liée à certains aliments.
Cela peut être une sensibilité au blé, à la caséine, au lactose, au soja, aux oeufs, aux fruits de mer, au poisson, aux noix, aux cacahuètes ou aux oléagineux, à certaines graines, aux alliacées comme l’ail ou l’oignon, etc.
Enfin, n’hésitez pas à éliminer pour de bon tous les produits transformés ou industriels.
Ils peuvent contenir des additifs et des conservateurs qui vont provoquer de l’inflammation.
Les compléments alimentaires
Si vous souhaitez vous supplémenter, ce qui peut être une bonne chose, il est bon de le faire en suivant les orientations d’un médecin ou d’un thérapeute et d’avoir un suivi adapté au niveau des analyses sanguines.
En général, lorsque la thyroïde est impliquée, les thérapeutes peuvent proposer les compléments alimentaires suivants :
- de la vitamine D,
- des antioxydants,
- du magnésium,
- du zinc,
- du sélénium,
- des omégas 3.
Enfin, toujours dans l’idée de réguler ou de limiter l’inflammation, il est probable que votre médecin vous recommande de limiter, autant que possible, les sources de stress.
Bref, c’est un changement de vie qui est proposé.
Mais c’est pour le bien de votre thyroïde.
Naturellement vôtre,
Augustin de Livois
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