Connaissez-vous l’effet lapin, qui vous permet de vivre plus longtemps et en meilleure santé ?

Chère amie, cher ami, 

En 1977, une étude sur les risques cardiovasculaires a changé le monde… de la psychologie ! (1)

Ces travaux visaient à mieux comprendre comment se forment les plaques d’athérome. 

Ces plaques sont des résidus qui s’accumulent dans les artères. Ils sont composés de calcium, de  cholestérol et de vieilles graisses. (2)

Lorsque ces résidus s’accumulent, ils rétrécissent les artères et réduisent le flux sanguin tout en raidissant les artères. (2)

Une étude observationnelle sur les lapins blancs 

À l’époque, la communauté scientifique cherchait à mieux comprendre les maladies cardiovasculaires qui étaient, dans le monde occidental, la première cause de décès. (1)

Le but de cette étude était de comprendre comment ces plaques d’athéromes se formaient et quelle était leur influence sur la santé du cœur. 

Les chercheurs ont donc choisi d’étudier des lapins blancs de Nouvelle-Zélande. 

Et ils leur ont donné une alimentation chargée en cholestérol alimentaire et en mauvaises graisses. 

Ils estimaient que l’observation de ces lapins mal nourris devait permettre de mieux comprendre comment fonctionnait la santé du cœur chez les mammifères. 

Cela se faisait, hélas, au détriment de la santé des lapins, mais à l’époque, la plupart des chercheurs ne s’en préoccupaient pas vraiment. 

Un groupe différent des autres…

Les lapins sont répartis dans différents groupes. Et tous reçoivent la même alimentation très riche en graisse. 

Ils développent tous des plaques d’athérome. 

1re conclusion simple de l’étude : la malbouffe est néfaste pour les artères de lapin !

Et les chercheurs ont tendance à penser que cela est aussi vrai pour les humains. 

Les cardiologues y ont trouvé leur compte. 

Fin de l’histoire ? 

Non, car un petit groupe de lapins irréductibles (ou presque) fait de la résistance. 

Ce groupe a 60% de plaques d’athérome en moins malgré un régime tout aussi délétère que les autres. (1)

Le chercheur en charge de l’étude, le Dr Robert Nerem, est un homme consciencieux. (1)

Il vérifie que le protocole a été suivi à la lettre pour ce groupe de lapins aux artères résistantes. 

Il cherche, mais ne trouve rien. 

Et puis il lui vient une idée saugrenue, qui va changer le cours de l’étude et de la science. 

La doctorante qui s’occupe de ces lapins est une femme particulièrement attentionnée. 

Elle est profondément aimante. C’est dans sa nature. Et lorsqu’elle s’occupe de ses lapins, elle y met un cœur que les autres laborantins n’ont pas. (1)

Et Robert Nerem se demande si la différence entre le groupe de lapins de la doctorante et les autres groupes de lapins tient à cela. 

Les lapins confirment : être dorlotés, c’est bien !

Afin de vérifier son hypothèse, il va conduire une autre étude, publiée dans le magazine Science en 1980. (3,4)

Cette fois, la différence de traitement entre les groupes de lapins est volontaire et étudiée. (3)

Tous sont nourris avec une alimentation comportant 2% de cholestérol. 

Puis on forme deux groupes de lapins : 

  • ceux qui sont dorlotés d’un côté, traités avec toute l’attention et le soin dont sont capables les doctorants de cette nouvelle étude ;
  • et de l’autre, un groupe de lapins traité sans affection particulière. 

Le résultat de la précédente étude se trouve confirmé : les lapins dorlotés ont 60% de plaques d’athérome en moins dans les artères. 

L’environnement, ça compte !

Ces travaux seront complétés par d’autres études comportementales notamment chez les rats. 

Ainsi, une série de 8 études menées entre 1978 et 1981 par le chercheur Bruce K Alexander a montré que des rats heureux étaient moins susceptibles de se droguer que des rats tristes. (5,6)

On s’en serait douté me direz-vous. 

Mais le détail de ces travaux est tout de même marquant. 

On a comparé deux modes de vie de rats différents.

Tous les rats avaient accès à de l’eau contenant de la morphine ou de l’eau du robinet. 

En revanche, le premier groupe de rats a été élevé dans des cages tandis que le deuxième a eu droit au Rat Park

Ce parc pour rats était 200 fois plus étendu que les cages. Les rats avaient accès à de l’espace, à un groupe social assez large, à des jeux (roulettes et autres divertissements pour rongeurs), à une alimentation abondante, etc. (5,6)

Bref, c’était le paradis des rats. 

Et ces rats-là consommaient 19 fois moins de morphine que ceux en cage. (5,6)

La gentillesse est devenue une valeur de l’Occident 

Toutes ces études ont changé le regard des psychologues nord-américains sur la relation corps/esprit. (7,8)

Et les médecins sont en train de se laisser convaincre également. 

Cela est notamment dû au travail du Dr Kelli Harding, psychiatre, qui a écrit un livre 

The Rabbit effect ou L’effet Lapin. (1)

Elle y reprend les travaux menés dans les 70 et 80 par le Dr Robert Nerem. 

Ce livre a été commenté dans de nombreux médias et il a été mis en avant par d’autres chercheurs dans différentes universités anglophones. 

L’ancien président Barack Obama en avait même fait un axe de communication. (9)

Il voulait encourager la gentillesse parmi ses concitoyens. (9)

Il existe même des écoles de la gentillesse ! (10)

À une époque où les conflits armés se multiplient dans le monde, cela peut paraître dérisoire, voire dangereux. 

En outre, la notion de gentillesse n’est pas toujours très bien définie. 

Et puis il y a d’un côté, le monde des lapins qui est un peu la proie par excellence, celle que tous les autres animaux ont tendance à croquer, et de l’autre, le monde des humains, autrement plus complexe et violent. 

Dans le monde des humains, la gentillesse ne suffit pas. Il est souvent bon de lui associer le courage et la capacité à faire face aux difficultés de la vie. 

Malgré tout, “l’effet lapin” nous livre, il me semble, trois enseignements précieux : 

  • Le corps et l’esprit sont liés et l’attention que l’on porte aux autres a des effets sur la santé cardiovasculaire et donc, potentiellement sur la longévité ; 
  • Les interactions sociales sont essentielles : tous les efforts que vous faites pour rendre la vie de vos proches et la votre plus agréables sont bons pour la santé de tous ;
  • Les grandes découvertes en science sont souvent inattendues : le Dr Nerem voulait étudier la physiologie du cœur et des artères, il en a surtout révélé le pouvoir physique et psychique ! 

La doctorante avait du coeur. Et ses lapins s’en portaient bien !

Naturellement vôtre, 

Augustin de Livois

 


Références :

  1. https://www.c-span.org/video/?463978-1/the-rabbit-effect
  2. https://www.elsan.care/fr/pathologie-et-traitement/maladies-cardiovasculaires/atherosclerose-definition-causes-traitement#:~:text=La%20plaque%20ath%C3%A9romateuse%20est%20un,s’%C3%A9paissit%20et%20se%20durcit.
  3. https://www.science.org/doi/10.1126/science.7384790
  4. https://www.youtube.com/watch?v=CXnzcVrru3w
  5. https://portage.ca/fr/mieux-comprendre-laddiction/
  6. Alexander, B.K., Beyerstein, B.L., Hadaway, P.F. & Coambs, R.B. (1981). The effects of early and later colony housing on oral ingestion of morphine in rats. Pharmacology, Biochemistry, & Behavior, 15, pp. 571-576.
  7. https://www.wellandgood.com/being-kind-helps-you-live-longer/
  8. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0022103117303451
  9. https://www.washingtonpost.com/opinions/2019/11/04/kindness-isnt-just-nice-its-more-effective-just-ask-obama-degeneres/
  10. https://kindness.ucla.edu/

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