Les œufs sont-ils dangereux pour votre cœur ?

Chère amie, cher ami,

Peut-être avez-vous déjà écouté les conférences du Dr Michel de Lorgeril sur la diète méditerranéenne ?

À moins, que vous n’ayez parcouru son blog¹ ou lu un ou plusieurs de ses livres² ?

Dans ce cas, vous savez que notre chercheur et expert en cardiologie explique depuis des années que le cholestérol est innocent. Ce n’est pas cette molécule qui provoque les arrêts cardiaques ou le blocage des artères.

Au contraire, le cholestérol est indispensable à la vie.

Votre corps s’en sert pour³ :

• fabriquer les membranes cellulaires ;
• produire la vitamine D, indispensable à votre immunité ;
• faciliter la production des hormones ;

Et pourtant, ce que l’on reproche souvent aux œufs, c’est leur teneur en cholestérol.

On leur reproche, ce qui est en réalité, un avantage !

Une vieille polémique remise au goût du jour

Dans les années 70, les autorités de santé américaines influencées par les laboratoires pharmaceutiques ont fait la chasse au cholestérol⁴.

Les seuils acceptables de cholestérol ont régulièrement baissé, laissant à peu près tout le monde, passé l’âge de 40 ans, avoir un taux de cholestérol sanguin trop élevé.

Ces campagnes avaient pour but de faciliter la distribution de statines⁴.

L’opération a réussi. Ces médicaments sont encore prescrits à des millions de terriens, malgré leurs effets secondaires⁵.

Toutefois, les brevets liés à ces molécules sont tombés dans le domaine public. Ces médicaments sont désormais génériques⁶.

À partir de là, les labos ont abandonné leur guerre contre le cholestérol et les journalistes n’en n’ont plus parlé.

Sauf qu’une étude toute récente est revenue à la charge, non pas directement sur le cholestérol, mais sur les œufs⁷.

Les chercheurs ont suivi un peu plus de 520 000 personnes entre 1996 et 2011 aux Etats-Unis. Il y avait 60% d’hommes et 40% de femmes.

Ces volontaires venaient de 6 États américains différents. Ils répondaient à un questionnaire régulier que l’équipe de scientifiques leur envoyait. L’étude est donc assez représentative.

Après 16 ans de suivi, il ressort de l’étude que ceux qui consommaient un œuf par jour avaient 7% de mortalité en plus que les autres, notamment des cancers et des maladies cardiovasculaires.

Les chercheurs préconisent donc de consommer des sources alternatives de protéines.

Le problème, c’est qu’une autre étude, publiée cette fois par l’Université de Harvard et portant sur 215 000 personnes suivies sur 34 ans, dit exactement le contraire⁸.

Les autorités de santé américaines elles-mêmes, dans leurs recommandations nutritionnelles de 2015, déclarent le cholestérol alimentaire sans danger pour la santé cardiovasculaire⁹.

Bref, les scientifiques ne sont pas d’accord entre eux. Qui faut-il suivre ?

Oméga 3/ Oméga 6

Ces études quantitatives ont un défaut majeur : on ne sait pas quels œufs ont consommé les volontaires.

Aux Etats-Unis, la nourriture est essentiellement industrielle. Vous aurez du mal à y trouver des œufs bio de poules élevées en plein air dans un supermarché.

Il faut se rendre dans des boutiques spécialisées, voire directement à la ferme pour disposer de produits de qualité.

La difficulté aujourd’hui pour le consommateur est de savoir comment ont été produits les aliments qu’il achète. C’est parfois bien plus important que le choix du produit en lui-même.

En France, il existe différentes filières de qualité.

Les oeufs “bleu blanc coeur” par exemple, obéissent à une charte stricte. Les poules sont nourries aux graines de lin, ce qui vous permet d’avoir des œufs riches en oméga 3¹⁰.

De même, les poules bio se nourrissent, normalement, de vers de terre, d’insectes et de tout ce qui se trouve à leur portée. Leurs œufs sont également riches en Oméga 3. Quand vous achetez des œufs, vérifiez que le numéro de code est le “0”.

Evitez absolument ceux dont le numéro de code est le “3”

La vraie question dans votre alimentation est de savoir si vos apports en acide gras Oméga 3 et Oméga 6 sont équilibrés.

L’utilisation massive du maïs, très riche en Oméga 6 pour nourrir les animaux d’élevage, a changé la nature des aliments disponibles dans le commerce. Ils sont gorgés d’oméga 6 et ne contiennent plus d’oméga 3. L’équilibre est rompu.

Résultat, les œufs de poules nourries artificiellement, les produits d’animaux nourris au soja ou au maïs OGM, le lait de ces mêmes animaux, tous ces produits sont, en effet, dangereux pour votre santé.

Et il n’est pas surprenant que l’étude ait noté des taux de cancers un peu plus élevés chez ceux qui consommaient des œufs industriels.

Car consommer trop d’Oméga 6 peut avoir un effet négatif sur l’inflammation du corps et créer un terrain plus propice au développement des maladies métaboliques, dont le cancer.

Le lait par ailleurs, en raison de ses facteurs de croissance et parce qu’il est trop sucré, n’est pas recommandé.

Mais le premier problème demeure le mode de production.

Vous n’êtes pas votre voisin

Ces études ne prennent pas en considération un autre élément majeur dans votre santé : vous !

En fonction de votre groupe sanguin, de votre métabolisme, de votre microbiote, de votre histoire et de votre environnement, vous aurez des réactions différentes aux aliments que vous consommez.

Il est donc utile d’écouter votre corps et de savoir ce qui est bon pour vous et ce qui ne l’est pas.

Ce qui est bon dans les oeufs

Si, donc, vous aimez les œufs bio et que vous en consommez régulièrement, rassurez-vous !

Des études spécifiques sur les œufs de qualité ont été menées. Elles montrent qu’ils sont très bénéfiques pour la santé¹¹.

Les œufs contiennent des vitamines B et notamment : B1, B2, B3, B5, B6, B8 et B12¹².

Ils sont également riches en vitamines A, D, E et K, en fer et en iode.

Par ailleurs, les œufs vous apportent de la choline, une substance qui joue sur de nombreux mécanismes métaboliques. Elle a des effets sur la mémoire, l’apprentissage, les muscles, ainsi que la fabrication des membranes cellulaires.

Mangez des oeufs est donc excellent pour la santé. C’est également écologique car les élevages de volailles restent moins polluants que ceux d’animaux plus gros.

Naturellement vôtre,

Augustin de Livois