Les pouvoirs des gestes doux et affectueux
Chère amie, cher ami,
Longtemps j’ai été rétif à l’idée de toucher les autres ou d’être touchés par eux.
J’étais comme un animal sauvage et j’aimais à ce qu’une certaine distance fut maintenue entre les autres et moi.
Ce temps, toutefois, est révolu.
Depuis que je suis marié et que mon fils est venu à la vie, j’ai réappris à communiquer par le contact physique.
Et aujourd’hui, je ne pourrais plus me passer de ces gestes doux du quotidien, qui disent tout bas “je t’aime”, “Tu comptes pour moi” ou “Quand tu es à mes côtés, je suis heureux”.
Ces gestes d’affection sont devenus essentiels pour moi.
Et si je les réserve en priorité à ma famille, je me surprends parfois à toucher le poignet ou l’épaule de mes amis ou de ceux avec qui je passe du temps.
Les Méditerranéens font beaucoup cela.
Ils le font avec un naturel déconcertant.
Et ils ont bien raison.
Car toucher l’autre en douceur et avec bienveillance, c’est lui faire du bien.
C’est en tout cas ce que dit la science.
Une discipline scientifique récente
Il a fallu attendre les années 90 pour que les scientifiques s’intéressent sérieusement au toucher physique(1,2,3).
Ils ont notamment pris le temps d’observer les réactions du corps et du cerveau aux gestes doux, aux massages et aux caresses(4,5).
Ils ont analysé les conséquences de ces gestes sur le cerveau par imagerie cérébrale(4).
Ils ont observé les ondes du cerveau.
Et ils ont mesuré les effets des gestes doux sur la physiologie : le rythme cardiaque, la biochimie du corps, les niveaux de stress, etc(4,5,6,7).
Ils ont également fait des recherches sur les modèles animaux(8,9).
Toutes ces recherches ont confirmé l’importance vitale du contact physique chez les humains et les mammifères(8,9).
Néanmoins, pour l’heure, les hypothèses formulées sont encore très débattues et évoluent régulièrement.
Un système nerveux spécifique pour le contact physique doux ou plaisant
Dans les années 90, un neurologue suédois, Ake Vallbo, a été le premier à décrire un système nerveux spécifique au toucher doux ou plaisant(4,5,6).
Dans la littérature scientifique on trouve les expressions “gentle touch” ou “affective touch” qui peut se traduire par contact physique doux ou contact physique affectueux.
Ce système nerveux a été appelé le C-Tactile.
Les neurones qui constituent ce système (C-Tactile) forment un vaste réseau sous la peau relié au système nerveux central.
Mais les deux systèmes nerveux sont distincts.
Les mains et les pieds possèdent une densité de capteurs exceptionnelle.
Vos mains contiennent environ 17 000 afférences liées à des récepteurs sensoriels. Vos pieds sont également très sensibles(2).
Si votre enfant aime marcher pieds nus, laissez-le faire quand cela est possible : cela lui fait tellement de bien(2,8) !
Un langage corporel destiné à créer du lien entre les personnes
Le C-Tactile ne sert pas à aller chercher des informations extérieures(4).
Il a un rôle social.
Il est utile dans les relations amoureuses mais sa vocation est plus large.
Il sert dans les relations entre parents et enfants, au sein d’une famille, entre amis ou au sein d’une communauté humaine(4).
Le contact physique doux ou affectueux renforce les liens de ceux qui se touchent.
Il est activé chez les humains dès lors que le contact se fait sur 3 à 10 cm de peau en une seconde(8,9).
C’est un contact court mais réel. Il n’est pas furtif ou fuyant(4,8,9).
Sa température idéale d’activation est de 34°C, ce qui correspond exactement à la température du bout des mains. C’est beau, non(8) ?
Les premiers moments de la vie
Lorsqu’il naît, le bébé vient de passer 9 mois au chaud dans le ventre de sa maman.
Il a été continuellement bercé et protégé jusqu’à sa naissance où il découvre un monde sans contacts permanents.
Et lorsque les bébés naissent, leur vue et leur ouïe sont limitées(4).
Chez eux, le toucher est le sens le mieux développé(4).
Voilà pourquoi le contact physique est si précieux pour consoler lorsqu’ils pleurent.
L’allaitement permet à la fois de nourrir le bébé et de maintenir ce contact physique si important entre la mère et l’enfant.
Chez les bébés, et plus généralement chez les petits mammifères, le contact physique des premières semaines est indispensable à la survie du petit.
Par exemple, le contact physique accompagne même certaines fonctions biologiques essentielles.
Chez le bébé, il permet, notamment de(4) :
- stabiliser la respiration,
- stabiliser la température du corps
- réguler le taux de sucre dans le sang
Il serait même une condition essentielle de leur développement.
Chez les primates…
Des études menées chez les primates, qui sont génétiquement très proches des humains, montrent que des petits qui n’ont pas de contacts physiques réguliers perdent très vite leur vitalité(4,8,9).
Leur mortalité est beaucoup plus élevée que celle des autres petits(4).
Et s’ils survivent à cette privation de contacts physiques, ils en restent très marqués physiologiquement et cognitivement.
Ainsi les petits primates en manque de contact physique seraient(4) :
- sous-développés,
- plus faibles,
- moins immunisés contre les maladies,
- incapables d’apprendre certains comportements.
Leur cerveau serait même atrophié.
Bref, ces petits primates en manque de contact physique, même s’ils survivent à leur enfance, n’auraient aucune chance de survivre à l’âge adulte.
Un contact perçu comme une récompense par le corps
Comment les primates maintiennent-ils leur lien entre eux ? Ils passent leur temps à s’épouiller les uns les autres.
Chez les humains, on ne s’épouille pas.
Mais le lien est essentiel.
Et il passe par ce contact doux et plaisant qui peut se manifester au travers d’une caresse, d’une main posée délicatement, d’un massage de plante de pied ou des épaules…
Ce contact physique en douceur est(4,8,9) :
- relaxant,
- apaisant,
- réconfortant,
- affectueux.
Il allège ou prévient(4,8,9) :
- la douleur physique et mentale,
- la dépression,
- l’angoisse,
- les addictions.
Il régule le stress et apporte du bien-être(4,8,9).
Il renforce les capacités cognitives du cerveau.
Il allonge la durée de vie et renforce l’immunité.
Grâce à lui, vous partagez avec ceux que vous aimez, des hormones du bonheur et de l’enthousiasme.
Le contact physique en douceur assure une distribution gratuite d’endorphines et d’ocytocines.
Ces hormones rendent heureux et connectés.
Vous avez un trésor au bout des doigts !
Il est fait pour être partagé.
Naturellement vôtre,
Augustin de Livois
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