Quel est votre tempérament selon Hippocrate ?
Chère amie, cher ami,
Hippocrate est l’un des médecins les plus connus du monde.
Il est même considéré comme le père de la médecine occidentale.
Il est né sur l’île de Kos en Grèce, vers 460 av. J.C. Il est mort en 356 av. J.C. à Larissa, une cité située dans le nord de la Grèce.
C’est un contemporain de Périclès, de Démocrite, de Platon et d’Aristote(1).
Il a vécu au temps où Athènes était triomphante. Les lumières de cette époque de géants de la pensée nous éclairent encore aujourd’hui.
Si l’héritage d’Hippocrate est si important et sa légende encore vivante, c’est qu’il n’est pas juste un médecin.
Il est le premier à penser sa profession, à penser la médecine et les rapports qui régissent le patient et le médecin, ainsi que la place du médecin dans la cité.
Ces abstractions sont formulées dans ses écrits tandis qu’Hippocrate les enseigne dans l’école qu’il fonde en 420(1).
Le médecin idéal
De son vivant, Hippocrate suscite l’admiration, la jalousie et les plus vives passions. Il révolutionne la médecine en la séparant de la religion(1).
Jusque-là, les prêtres d’Asclépios, le dieu de la médecine, revendiquent le monopôle des soins(1).
Hippocrate réfute leurs positions qu’il juge mal fondées et superstitieuses. Il leur substitue une approche fondée sur l’observation de la nature et la connaissance de l’homme, sans pour autant oublier les dieux qu’il respecte(1,2).
Il est le premier à faire rentrer le logos, ou la raison, dans la médecine. Il représente à la fois l’origine, la quintessence et l’idéal de la médecine occidentale(1,2).
Voici la description du médecin tel qu’il devrait être selon l’un des traités d’Hippocrate, le Decenti Habitu, traduit au 16e siècle en latin par Janus Cornarius(1,3) :
« On le reconnaît à son extérieur simple, décent et modeste. Il doit être grave dans son maintien, réservé avec les femmes, affable et doux avec tout le monde. La patience, la sobriété, l’intégrité, la prudence, l’habileté dans son art sont ses attributs essentiels. »
Le serment d’Hippocrate
L’éthique du médecin grec se trouve résumée dans le serment d’Hippocrate(1).
Ce texte réunit l’ensemble des obligations morales qu’Hippocrate exigeait de ses disciples.
En voici quelques extraits(1) :
“Je jure par Apollon, médecin, par Esculape, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses les prenant à témoin que je remplirai, suivant mes forces et ma capacité, le serment et l’engagement suivants :
[…]
“Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement, et je les écarterai de tout mal et de toute injustice.”
[…]
“Je ne remettrai à personne du poison, si on m’en demande, ni ne prendrai l’initiative d’une pareille suggestion. Semblablement, je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif.”
[…]
“Je passerai ma vie et j’exercerai mon art dans l’innocence et la pureté.”
[…]
“Quoi que je voie ou entende dans la société pendant l’exercice ou en dehors de l’exercice de ma profession je tairai ce qui n’a jamais besoin d’être divulgué, regardant la discrétion comme un devoir en pareil cas.”
Ces principes éthiques ont près de 2400 ans !
Hippocrate a déjà posé des idées fondamentales telles que :
- l’obligation de la compétence et de la transmission des savoirs ;
- l’égalité de tous dans la prise en charge ;
- la défense de la vie ;
- le secret médical.
Aujourd’hui encore, ces grands principes servent de référence.
Tant que la médecine occidentale respecte ces principes, elle aura quelque chose à offrir au monde.
Les quatre tempéraments selon Hippocrate
Si l’on a surtout retenu son serment, il se trouve que de nombreux enseignements de ce médecin extraordinaire sont encore valables aujourd’hui.
Sa théorie des tempéraments dont on entend peu parler est, par exemple, totalement d’actualité(4,5,6).
Ni les découvertes de la psychologie ou de la génétique ne l’ont réellement remise en cause.
Elle vous offre trois précieux avantages(6) :
- Elle vous permet de ne pas juger les autres : les tempéraments sont biologiques. Ils sont un legs de la nature. Ils ne représentent pas un défaut de caractère ou une quelconque faille. C’est une partie de l’être.
- Elle vous permet de mieux vous connaître ;
- Elle vous donne une clef de compréhension des autres.
Voici les quatre tempéraments décrits par Hippocrate(4) :
- le bilieux ou colérique ;
- le sanguin ;
- le flegmatique ou lymphatique ;
- le mélancolique ou nerveux.
Ces tempéraments ont des caractéristiques psychologiques, physiques et physiologiques propres(4,5,6).
Chaque être humain n’est pas 100% l’un d’entre eux, mais il existe souvent un tempérament dominant chez chacun d’entre nous.
Par ailleurs, ces tempéraments ne font pas toute la personne.
Chacun dispose par ailleurs de son propre chemin de vie, nourri de ses expériences et d’un caractère unique.
Les tempéraments, en revanche, sont universels. Ils sont répartis au sein de l’humanité.
Vous reconnaissez-vous dans l’un de ces tempéraments ?
La force du bilieux
Le colérique est rapide. Ses réactions sont vives et pourtant profondes et durables(4,5).
Il est impulsif et déterminé.
Il est actif, et énergique.
Le colérique veut du résultat. Il faut que ça bouge !
Et pour l’obtenir, il peut-être véhément.
Il est aussi inquiet et susceptible.
Il ne comprend pas que l’on puisse vouloir le ralentir ou qu’on lui reproche son besoin d’y arriver.
Il est franc et direct et dégomme tout sur son passage si personne ne l’arrête.
Son regard est précis. Il est rigoureux et ordonné. Et il aime contrôler les choses. Il dispose d’une bonne mémoire à moyen terme.
Il est, ou paraît, égocentrique : il se concentre sur ses objectifs.
Le colérique est ambitieux : il aime les grands projets, les grandes entreprises(4,5,6).
Physiquement, le bilieux est plutôt carré, tout en muscles.
C’est un corps tendu vers l’action.
Son sommeil est court et réparateur.
Son pas est pressé. Il a des choses à faire.
Sa santé est bonne, mais son foie est fragile. Il risque l’inflammation(5).
Le colérique a une vertu : la force. Il a une faiblesse, son orgueil.
S’il parvient à rester humble, le colérique déplace des montagnes et entraîne tout le monde à sa suite.
La joie du sanguin
Le sanguin partage avec le colérique une certaine impulsivité. Ses réactions sont vives et rapides(4,5).
C’est une personne optimiste. Elle aime la compagnie des autres qui le lui rendent bien. Elle fait rire, elle est entraînante.
Elle est enthousiaste et légère. Elle peut être volubile, mais passe aisément d’un sujet à l’autre sans s’attarder, sans s’attacher à aller au fond des choses(4,5).
C’est une personne active, généreuse. Elle mène le groupe avec charisme.
Son appétit est solide et son sommeil profond(5).
Physiquement, c’est une personne présente, ronde avec une tendance au surpoids.
Elle est sujette aux problèmes cardiaques.
Sa vertu est la joie. Elle accueille la vie. Elle est bienveillante.
Elle vit dans l’instant présent, le carpe diem(4,6).
En acquérant un peu de profondeur et de patience, le sanguin devient un être humain d’exception.
La paix du flegmatique ou lymphatique
Son pas est lent, c’est le pas d’un sénateur en fin de carrière(4,5).
Le lymphatique n’est pas pressé. Il est calme et posé.
Chez lui, tout respire l’harmonie.
Il est stable et n’est pas particulièrement profond(4,5,6).
Il est prudent, diplomate et peu émotif. Il est concret et rationnel. Il est réfléchi et fiable. C’est un bon arbitre.
C’est aussi un bon observateur. Il est patient et sensible. Il est doux(4,5).
Du point de vue de la santé, il risque l’inflammation, le diabète ou l’obésité(5).
Sa vertu est la paix.
Le flegmatique qui parvient à être également actif devient une personne écoutée de tous, rassurante et entraînante(4,5,6).
Le coeur du mélancolique ou nerveux
On le croit égoïste(6).
Cette personne est tournée vers ses troubles intérieurs. Elle écoute les angoisses qui la travaillent et les expriment(6).
Elle est hypersensible, changeante, cérébrale, créative et solitaire(4,5).
Elle peut vivre sans les autres durant des jours voire des années(6).
Ses affres lui suffisent.
Elle est pessimiste, anxieuse et susceptible(4,5).
Son regard peut être triste et troublé(5).
Elle manque parfois de persévérance(4).
Elle est besogneuse, réfléchie et méthodique(4).
Le mélancolique ou nerveux rêve d’idéal, de beau et d’élévation de l’âme(4).
Il est généreux et aimant.
Sa vertu, c’est son cœur.
Physiquement, il est sec, les nerfs à vif, la peau sèche et plutôt mince : il se consume de l’intérieur(4,5).
Son sommeil est léger, entrecoupé. C’est un veilleur, il est aux aguets.
C’est le tempérament le plus fragile des quatre(4).
Mais donnez à ce rêveur un peu de structure et d’audace et il vous emmène au bout du monde !
Naturellement vôtre,
Augustin de Livois
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