Sucre et cancer : les liaisons dangereuses

Chère amie, cher ami,

La consommation de sucre par habitant et par an en France est de 35 kg(1).

Ce chiffre est stable depuis les années 1990.

Il était de 45 kg par an et par personne dans les années 60(2).

Il y a eu une véritable progression de la consommation de sucre depuis la moitié du 20e siècle(2).

En 1850, la consommation de sucre était de l’ordre de 3,5 kg ou 5 kg par habitant et par an.

Il y a parfois des débats sur ce point.

Certains disent que les chiffres dont nous disposons pour le 19e siècle sont ceux de la production et du sucre disponible sur le marché et non de la consommation(3).

La distinction mérite d’être faite.

Mais il y a tout de même une corrélation entre le sucre disponible et le sucre consommé.

Une chose est sûre : la quantité de sucre consommée est montée en flèche dans la première partie du 20e siècle pour diminuer légèrement ensuite et stagner désormais.

Petit tour du monde de la consommation du sucre

Même si la consommation de sucre a augmenté en France au fil des décennies, d’autres pays dans le monde ont une consommation bien plus élevée.

Par exemple, à Singapour on consomme 85 kg de sucre par an et par habitant(2).

Au Costa Rica, ce chiffre est de 51 kg et en Nouvelle Zélande 48 kg.

Aux États-Unis, la consommation est semblable à celle de la France : 35 kg par an et par habitant avec des grandes disparités selon les populations(4).

Les cellules cancéreuses préfèrent le sucre

Si le sucre intéresse tant les nutritionnistes et les agences de santé, c’est parce qu’il a un effet direct sur la santé.

Le sucre joue sur le métabolisme.

Il a également un effet sur le cancer.

Le sucre augmente le risque de contracter la maladie et favorise son développement si elle est là(5).

Cela est lié au métabolisme de la cellule cancéreuse qui préfère se nourrir de sucre plutôt que d’oxygène, contrairement aux cellules saines.

On parle alors de métabolisme glycolytique.

Il concernerait près de 80% des cancers(5).

Dans ces cas-là, les cellules cancéreuses consomment 100 fois plus que les cellules saines !

L’effet Warburg 

Ce mécanisme s’appelle l’effet Warburg du nom de celui qui l’a découvert dans les années 20(5).

Otto Heinrich Warburg est un scientifique allemand né en 1883 à Fribourg-en-Brisgau(6).

Il a étudié la chimie à Berlin, puis la médecine à Heidelberg, l’une des universités les plus prestigieuses d’Allemagne.

En 1918, il devient professeur à l’Institut Kaiser Wilhelm à Berlin, puis directeur du département de physiologie cellulaire de cette institution.

Il a étudié dans le détail le métabolisme des cellules et des enzymes.

Il a publié des travaux portant sur la respiration cellulaire qui lui ont valu de recevoir le prix Nobel de médecine (physiologie) en 1931.

Pour lui, le fait que les cellules cancéreuses se nourrissent essentiellement de sucre les rend moins aptes à se développer dans un environnement qui en est dépourvu(6).

Le lien entre le sucre et le cancer confirmé 

Le lien entre cancer et consommation de sucre a été confirmé à de nombreuses reprises.

Aux États-Unis, une étude menée entre 1991 et 2013, portant sur 3184 personnes âgées de 26 à 84 ans, a confirmé la corrélation très nette entre consommation régulière de sucre et risque de cancer(7).

Ces travaux démontrent notamment que ceux qui consomment régulièrement des boissons sucrées ont un risque accru de développer un cancer(7).

Clairement, les sodas et les jus de fruits sont à proscrire autant que possible. L’alcool est à limiter et à consommer durant les repas (notamment le vin rouge).

Une autre étude, un peu plus ancienne, menée en Suède sur 60 000 femmes, indique que celles qui consomment beaucoup d’hydrate de carbone, c’est-à-dire des pâtes, du pain blanc, des céréales raffinées, des pizzas (etc.) ont un risque plus élevé de développer un cancer du sein(8).

Enfin, une revue de la littérature analysant 37 études et publiée en août 2018 vient confirmer les travaux précédents, notamment sur le danger que représentent les boissons sucrées(9).

Toutes ces publications indiquent que la consommation excessive de boissons sucrées, mais aussi de féculents joue sur certains facteurs du métabolisme comme l’inflammation ou la régulation de la glycémie, qui favorisent l’apparition de certains cancers(5).

Sucre et index glycémique 

Les découvertes d’Otto Warburg et son prix nobel dans les années 30, n’ont pas eu d’effet immédiat sur la consommation de sucre des populations.

Même après la deuxième mondiale et les années 70, l’attention s’est davantage portée sur le cholestérol et les graisses plutôt que sur le sucre.

On sait aujourd’hui que le cholestérol n’est plus vraiment un problème.

Différents médecins et chercheurs, dont Michel de Lorgeril, chercheur au CNRS et expert en cardiologie, ont démontré que ce qui compte c’est le mode de vie et le type d’alimentation(10).

Depuis, les nutritionnistes et les agences de santé publiques s’intéressent davantage au sucre.

Et certains industriels ont fait des efforts pour diminuer le taux de sucre dans leur produit(1).

L’ennui, c’est qu’une fois de plus, on ne regarde pas vraiment au bon endroit.

Certes, la consommation de sucre pose problème.

Mais le vrai défi, c’est de parvenir à adopter une alimentation qui ne joue pas trop sur la glycémie, c’est-à-dire le taux de sucre dans le sang.

En d’autres termes, le plus important pour le métabolisme, c’est d’avoir un taux de sucre dans le sang le plus stable possible en dépit des différents repas pris dans la journée et des pics de stress.

La présence de sucre dans le corps est un élément du diagnostic

Les scientifiques, inspirés par l’effet Warburg, ont inventé le PET Scan, un test qui permet de diagnostiquer le cancer(11).

On injecte au patient un agent de contraste.

Il s’agit souvent de fluorodésoxyglucose(12).

Cette substance permet de montrer sur l’imagerie médicale où se trouvent les zones de concentration du sucre dans le corps.

Les zones où le sucre s’accumulent brillent à l’écran. Elles sont fluorescentes.

Cela donne une indication assez nette aux médecins d’un risque de cancer.

Comment limiter le risque lié au sucre ? 

Le meilleur moyen de réguler votre glycémie est d’adopter un mode de vie protecteur. 

Cela passe par :

  • une activité physique régulière,
  • des temps de détente, de jeu, de respiration, de chants, etc qui vont faire baisser le stress et faire travailler le nerf vague ;
  • la consommation de légumes verts à tous les repas ;
  • la consommation de produits frais de qualité aussi peu transformés que possible. ;
  • l’adoption d’une alimentation méditerranéenne ou bien de type régime d’Okinawa ;
  • une hydratation suffisante ;
  • un sommeil apaisé ;
  • etc.

L’avantage de ces mesures du quotidien est qu’elles vous apporteront de nombreux bienfaits de santé qui vont bien au-delà de la seule prévention du cancer.

Naturellement vôtre,

Augustin de Livois

 


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