À quoi servent les rêves ?
Il existe trois états chez l’être humain : éveillé, endormi et en REM.
REM ou rapid eye movement veut dire mouvements oculaires rapides en anglais(1).
Le REM, c’est ce qu’on appelle le sommeil paradoxal, c’est un état qui ressemble au coma : le cerveau est très actif, mais le corps est paralysé(1).
C’est aussi à ce moment-là que l’on fait le plus de rêves, ou en tout cas que l’on s’en souvient le mieux(2).
Car 10% des personnes réveillées dans leur sommeil profond affirment avoir rêvé(2).
70% d’entre elles disent même avoir eu quelque chose en tête(2).
Le rêve n’est donc pas l’apanage seul du sommeil paradoxal.
Comme souvent avec la vie, les choses sont plus complexes qu’il n’y paraît au premier abord.
Une chose est sûre : les rêves ont toujours fasciné les êtres humains.
Encore aujourd’hui, ils suscitent bien des débats et des discussions(2).
Et malgré toutes les avancées que l’on a pu faire dans ce domaine, les rêves demeurent, à bien des égards, un mystère(2).
Un langage spirituel qui relie les humains entre eux
Dans l’Antiquité, cette faculté est exercée par un onirocrite.
Il part des rêves de ceux qui le consultent pour en tirer des enseignements sur sa vie personnelle ou publique, voire sur son peuple, s’il s’agit d’un dirigeant.
Le plus connu des onirocrites est Artémidore de Daldis(4,5).
Cet écrivain et philosophe gréco-syrien du IIe siècle pratiquait l’interprétation des rêves et la divination. Il a compilé une partie du savoir de l’époque dans un traité appelé l’Onirocritique ou La clef des songes(6).
Cet ouvrage a servi de référence en Occident pendant des siècles et a inspiré Freud dix-huit siècles plus tard(5,6).
Chez les Anciens, le rêve est une information qui vient des dieux. Elle peut être positive ou négative, mais elle mérite d’être prise en compte(3).
Aristote, toutefois, s’oppose à cette vision, estimant que les dieux ne sauraient s’adresser de la même manière à chaque être humain(3).
Le temps du rêve ou temps de la création
Le Tjukurrpa ou “temps du rêve” est une période mythique ayant précédé les origines du monde.
Mais c’est aussi un temps qui se poursuit, c’est à la fois le passé, le présent et le futur(7,8).
Ils pensent que ce rêve de la création continue à façonner le monde et qu’il relie les êtres vivants entre eux.
Et les rêves humains ne seraient qu’une forme de dialogue avec ce temps du rêve originel(7,8).
Pour les Aborigènes, les lieux eux-mêmes sont forgés par des êtres métaphysiques en lien avec le rêve originel(7,8).
Et les rêves humains ne seraient qu’une forme de dialogue avec ce temps du rêve originel.
Cela ne me paraît pas si loin des descriptions de Victor Hugo, grand rêveur devant l’Éternel, qui évoque un travail de géants lorsqu’il dépeint les côtes des îles dans Les travailleurs de la mer(9).
Vous me direz peut-être que cela nous éloigne un peu de l’esprit “cartésien” d’aujourd’hui.
Détrompez-vous, le fameux Discours de la méthode, censé poser la méthodologie parfaite pour une pensée logique et construite commence par un songe !
Descartes, philosophe et mathématicien, pense par le rêve…
Le rêve fait grandir l’être humain
Si, dans la foulée de Freud, les psychanalystes et les psychologues ont beaucoup parlé des rêves, la médecine et la physiologie ont mis plus de temps à les analyser.
Aujourd’hui, pourtant, ils sont considérés comme indispensables à la vie(2).
Les rêves ont une fonction biologique(2).
Elle est toutefois moins évidente que celle de la nutrition, de la respiration ou de la digestion.
En matière de rêve, les scientifiques tâtonnent un peu.
Une chose est sûre : lorsque l’on réduit le temps de rêve en supprimant par exemple le sommeil paradoxal ou REM par la prise de médicaments, on réduit certaines capacités cognitives et comportementales(2).
Les rêves seraient utiles, voire indispensable pour :
- l’apprentissage de nouvelles connaissances et techniques(2,10) ;
- l’acquisition de nouvelles capacités visuelles et motrices(2,11) ;
- l’expression des émotions(2,12) ;
- favoriser la motivation(13) ;
- renforcer la mémoire(10) ;
- augmenter la créativité(2).
Le fait le plus marquant est peut-être que les fœtus et les nouveau-nés sont les plus grands rêveurs de tous(2).
Le rêve occupe la moitié de leur temps de sommeil contre 15% chez les personnes âgées(2).
Les scientifiques pensent que cela est lié au fait que les rêves aident les fœtus, les bébés et les enfants à se développer.
On n’est pas si loin du temps des rêves venu des origines du monde.
Que disent vos rêves de vous et de votre vie ?
Les surréalistes considéraient au début du XXe siècle que leurs tableaux ou réalisations n’étaient que l’expression d’un automatisme psychique relié aux rêves(14).
Pour Freud et les psychanalystes, le rêve est une fenêtre sur l’inconscient(2,15).
Il révèle des désirs et des sentiments refoulés depuis l’enfance(15).
Il permettrait même de les assouvir en leur donnant la possibilité de s’exprimer(2,1).
Freud s’intéressait surtout aux interdits moraux.
Pour lui, le rêve permettait de penser ce que l’on pense vraiment sans se soucier de la morale de la société.
Mais pour Freud le rêve était comme une fin, l’aboutissement ou l’affirmation d’une pensée archaïque.
Ce que la physiologie nous révèle, c’est qu’il s’agit surtout d’un début.
Le rêve est le temps de l’apprentissage et de la créativité. C’est lui qui guide nos réalisations(2).
En clair, lorsque vous regardez un tutoriel pour apprendre une nouvelle technique, vos rêves de la nuit suivante vous aideront à mieux maîtriser cette technique.
Et de fait, cette nuit-là, vous rêverez davantage que les précédentes.
Le sommeil est plus qu’utile.
Il vous repose, il vous structure et, par vos rêves, il vous façonne.
Je vous souhaite, en ce début d’année 2024 de rêver allongé ou debout, je vous souhaite de rêver passionnément.
Naturellement vôtre,
Augustin de Livois
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