Big Pharma et l’administration de santé : les liaisons dangereuses !

Chère amie, cher ami,

L’ancien directeur de la Haute Autorité de Santé, le Pr Jean-Luc Harousseau, vient d’être nommé président de la Fondation des entreprises du médicament (1).

Cette fondation a été créée par le syndicat des entreprises du médicaments, le LEEM pour redorer l’image des laboratoires pharmaceutiques.

Or la Haute Autorité de Santé est censée être une administration “indépendante” dont la mission est d’évaluer les médicaments en vue de leur remboursement (2).

Les avis de cette administration servent à définir le taux de remboursement d’un médicament mis sur le marché.

Pour les laboratoires, c’est très important. Mieux un médicament est remboursé, plus il sera vendu .

Les remboursements reposent sur les charges sociales payées par tous les Français.

Il est donc préférable, que ceux qui décident en la matière prennent en compte l’intérêt des Français avant celui des laboratoires…

Cette nomination est donc :

  • une atteinte directe à l’indépendance de la HAS ;
  • un curieux mélange des genres ;
  • une preuve de plus de la mainmise de BIG Pharma sur les rouages de l’administration de santé à tous les niveaux ;
  • une insulte faite aux français dans un contexte très net de défiance de la population à l’égard des élites.

Evidemment les laboratoires ont tout fait pour que les apparences soient sauves.

La mise en scène est bien préparée :

1/ Jean-Luc Harousseau n’est pas directement embauché par un laboratoire ou par le LEEM, mais nommé président de la Fondation d’entreprise du LEEM.

C’est un emploi indirect.

2/ Sa nomination serait “légale”. 

Pour se défendre les représentants du LEEM expliquent que ce transfert de l’administration à l’industrie pharmaceutique n’aurait pas enfreint la loi.

Il est possible que le montage juridique mis en place protège Jean-Luc Harousseau.

Mais le scandale demeure. Il est politique.

L’administration de santé est censée contrôler l’industrie pharmaceutique.

Comment un employé pourrait-il contrôler son employeur ?

Comment une administration peut-elle contrôler son donneur d’ordre ?

3/ Les représentants du LEEM insistent enfin sur le fait que Jean Luc Harousseau n’est pas rémunéré pour ses fonctions.

Cela ne veut rien dire.

Il pourrait être rémunéré à l’issue de son mandat ou par des biais détournés.

Cela n’a rien d’une hypothèse d’école car Jean Luc Harousseau a déjà été rémunéré par des firmes pharmaceutiques par le passé.

Entre 2008 et 2010 il a reçu des laboratoires pharmaceutiques 205 482 euros pour avoir participé à des conférences, des colloques et donné des conseils scientifiques (3).

C’était avant d’être nommé directeur de la HAS.

L’industrie a simplement récupéré l’un des siens.

Le lien qui unit l’industrie à l’administration n’a jamais été aussi DIRECT.

C’est bien ce que dénoncent les quelques acteurs indépendants qui existent dans le domaine de la santé.

Le directeur de publication de la revue Prescrire , Pierre Chirac (3), financée pour l’essentiel par ses lecteurs, estime qu’il s’agit :

« d’un ACTE GRAVE qui mine la confiance que l’on peut avoir dans les agences publiques qui sont censées contrôler le marché du médicament au service de l’intérêt général.”

Il ajoute :

“Voir des personnes passer aussi rapidement d’une agence de régulation à un organe de LOBBYING des firmes pharmaceutiques, donne à penser que l’on choisit pour diriger les agences de régulation des personnes qui sont trop PROCHES des FIRMES et de leurs intérêts.

Cette confusion des genres est un facteur de risque sanitaire pour les patients : le risque que l’intérêt des patients passe aprèsl’intérêt des firmes ».

La vice-présidente du Formindep, association pour une information médicale indépendante, Anne Chailleu, affirme dans le Journal Médiapart (3) : ”

La présidence de Jean-Luc Harousseau va donner à la Fondation (et au LEEM) accès à un riche carnet d’adresses, notamment auprès de la HAS qui est vue par les industriels du médicament comme un obstacle à neutraliser. En effet, cette agence sanitaire persiste encore à alerter sur le manque des données concernant l’efficacité et la sécurité des nouveaux anticancéreux.

Actuellement, les problématiques d’accès aux traitements du cancer pour les enfants sont de deux ordres : peu de données pédiatriques (peu d’essais), et des tarifs exorbitants pour les anticancéreux. Aucun de ces deux aspects n’est visé par la Fondation. »

Nul doute que, dans cette affaire, l’industrie pharmaceutique sait exactement ce qu’elle fait.

En recrutant, Jean Luc Harousseau, elle gagne :

  • son expertise médicale ;
  • ses informations sur les méthodes de fonctionnement de la HAS ;
  • son influence sur ses anciens subordonnés de la HAS ;
  • ses relations politiques, puisqu’il est vice-président du Conseil régional des Pays de la Loire en remplacement de François Fillon.

Une fois de plus, très peu de médias ont couvert cette affaire.

C’est donc le silence total des radios et des télévisions que l’industrie pharmaceutique, à la vue de tous, étend un peu plus son empire 

C’est pour cela que l’idée de faire intervenir plus directement le peuple fait son chemin. C’est dans ce contexte que l’idée d’un référendum populaire peut avoir son utilité.

Les Suisses ont la votation, les américains donnent leur avis sur de nombreux sujets à l’occasion de chacune de leurs élections (notamment locales), pourquoi ne pas se lancer en France et dans les autres pays européens ?

Sans doute y a-t-il des risques. La liberté comporte toujours un risque. Avant de marcher, l’enfant est tombé. Mais quand il court, croyez-vous qu’il y pense ?

Naturellement vôtre,

Augustin de Livois

 


Références :

  1. https://www.leem.org/fondation-des-entreprises-du-medicament-pour-lacces-aux-soins
  2. https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_1002212/fr/missions-de-la-has
  3. https://www.mediapart.fr/biographie/pascale-pascariello

 


Une réponse à “Big Pharma et l’administration de santé : les liaisons dangereuses !”

  1. Brigitte dit :

    Bonjour,
    Merci encore pour ces nouvelles informations.
    Comment agir car nous sommes dans l’urgence face à big pharma et à nos politiques corrompus
    Aidez-nous
    J’ai voulu laissé un message sur votre article sur la mortalité plus élevé chez les enfants en Afrique mais je ne sais pas s’il est passé….
    Brigitte

    Brigitte

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