Le lien entre microbiote et sol démontré par une étude sur les Amish

Chère amie, cher ami,

Vous avez dans l’intestin plus de 10 000 milliards de bactéries et autres micro-organismes dont des levures et des protozoaires.[1]

Toute cette faune est accompagnée de nombreux virus et dispose par ailleurs d’un génome propre.[2,3]

Il existe bien une intelligence qui vous échappe, logée dans votre ventre.

Et elle a une influence directe sur vos hormones et ainsi sur votre humeur, vos joies et vos relations avec les autres.

Ce que vous mettez dans votre assiette, qui nourrit vos bactéries et l’ensemble de votre corps, a peut-être plus d’influence sur ce que vous ressentez que vous ne l’imaginez !

Pour que vous puissiez mener une vie épanouie et en bonne santé, il est préférable que votre microbiote soit bien équilibré.

Or, les scientifiques sont désormais certains qu’il existe un lien direct entre cet équilibre symbiotique de l’intestin et votre environnement.

L’air que vous respirez, l’eau que vous buvez, la terre que vous touchez, les gens que vous rencontrez, les animaux que vous caressez et les aliments que vous mangez ont un effet sur votre microbiote.[5]

Les quatre premières années de la vie sont déterminantes

Donata Vercelli, chercheuse à l’Université de l’Arizona et professeure de médecine cellulaire, insiste, dans ses conférences, sur le lien direct qui existe entre l’environnement et le microbiote.[5]

Pour elle, les allergies sont un exemple d’une relation dysfonctionnelle entre le microbiote et l’environnement.[5]

Elle explique que l’asthme est influencé par la santé du microbiote et que ce fait a été confirmé par de nombreuses publications scientifiques.[5]

Elle rappelle également que le microbiote se construit durant les premières années de la vie.[5]

Le bébé reçoit la flore intestinale de sa mère, sauf s’il naît par césarienne, auquel cas, ce sont les bactéries de l’hôpital et des mains de la sage-femme, qui viennent coloniser son tube digestif.[5]

Le microbiote n’est pas encore stabilisé, toutefois.

Il sera enrichi si la maman allaite et l’alimentation donnée à l’enfant lors des premières années est déterminante.[5]

Vers 3 ou 4 ans, l’équilibre s’est fait dans l’intestin et il ne devrait plus beaucoup changer.

Plus ce processus tarde à se faire et plus le risque de maladie développée plus tard est élevé.[5]

Les fermes traditionnelles protègent le microbiote

Les populations les plus protégées contre les allergies sont celles qui vivent dans des fermes traditionnelles.

Les enfants, notamment, y sont moins malades. Ils ont moins de maladies inflammatoires de l’intestin et moins d’allergies.[5]

Les scientifiques pensent que cela est dû à la qualité de leur microbiote.

Dès la grossesse de la mère, qui est au contact des animaux puis durant l’enfance, ils acquièrent un microbiote solide.

Et cette hypothèse s’est encore trouvée vérifiée par l’une des études menées par Donata Vercelli.[5,6]

Avec son équipe, elle a comparé deux populations d’enfants issus de fermes traditionnelles.

L’étude a été publiée dans une revue prestigieuse : le New England Journal of Medicine.[6]

Elle a également fait la une du New York Times, tant la découverte a impressionné les scientifiques et les journalistes.[5]

Amish et Hutterites

L’étude compare deux communautés de population des Amish de l’Indiana et des Hutterites du Dakota du sud.[5,7]

Cette comparaison vient apporter de nombreuses réponses aux scientifiques.

Ces populations viennent de régions proches en Europe. Elles sont génétiquement très semblables.

Les Hutterites viennent de Moravie et du Tyrol et les Amish de Suisse.[5,7,8,9]

L’hérédité ne peut donc pas expliquer la différence de résultats obtenus entre les deux groupes humains.

En revanche, les Amish sont très traditionnels. Ils cultivent la terre avec des animaux et ne se déplacent qu’à pied ou en calèche.

Les Hutterites partagent tout sur leurs fermes. Ils vivent en communauté, élèvent leurs enfants ensemble et mettent tout en commun.

Mais leurs méthodes agricoles sont plus modernes. Ils utilisent des tracteurs et des moissonneuses batteuses.[7,8]

Les résultats surprennent les scientifiques !

Au cours de cette étude, les scientifiques vérifient quel est le taux d’asthme et d’allergie chez les enfants des deux communautés.[5]

Et ils sont surpris que l’écart soit si marqué.

Chez les Amish, 5% des enfants ont de l’asthme.[5,6]

Chez les Hutterites, le taux monte à 21%.[5,6]

De même, 7% des enfants Amish souffrent d’une allergie contre 33% des enfants Hutterites[5,6]!

Il y a 4 fois plus d’asmathiques et 5 fois plus d’allergiques chez les Hutterites !

Poussière contre poussière

Pour affiner ces résultats, les scientifiques prélèvent de la poussière pendant 30 jours dans les chambres des enfants.[5,6]

Ils comprennent que les microbes à l’intérieur sont les mêmes que ceux à l’extérieur des fermes.[5]

Là encore la différence entre les deux groupes est frappante : chez les Amish, on compte 6 fois plus de microbes que chez les Hutterites.[5,6]

La terre, les crins de chevaux, etc. tout ce que les enfants rapportent des champs finit dans la chambre.[5]

Et résultat : ceux qui vivent avec le plus de microbes sains sont en meilleure santé.

Les souris sont invitées dans l’étude

Les scientifiques vont encore plus loin.[5]

Ils prennent des souris de laboratoire et les rendent allergiques ou asthmatiques.

Ensuite, il font inhaler à ces pauvres souris de la poussière Amish ou de la poussière Hutterite.

Les souris Amish perdent leur asthme et leurs allergies, les souris Hutterites les gardent.

Les scientifiques sont même allés encore plus loin. Ils pris des bactéries fécales d’enfants Amish et d’autres d’enfants Hutterites.

Ils ont fait un transfert chez les souris. Les souris Amish sont restées en bonne santé tandis que les souris Hutterites sont devenues allergiques.[5,6]

Notre santé dépend de notre environnement

Évidemment, l’idée n’est pas nouvelle.

La Suède a fait évoluer ses politiques de santé en fonction de cela.

Et en 20 ans, l’âge de la dépendance chez les hommes a considérablement reculé.[10]

Il est passé de 67 ans à 77 ans !

Les Amish, eux, le savent depuis le XIXe siècle.

Et les peuples premiers sont, quant à eux, au courant depuis la nuit des temps.

Ils savent que notre destin est lié à celui de la nature.

Si l’étude menée par Daneta Vercelli est remarquable, je reste un peu perplexe sur le fait qu’il faille triturer des souris pour se rendre compte que la vie est davantage dans les interactions avec la nature que dans un monde artificiel et virtuel.

Et l’un n’empêche pas forcément l’autre !

Naturellement vôtre,

Augustin de Livois

 


[1] https://www.inserm.fr/dossier/microbiote-intestinal-flore-intestinale/
[2] https://www.medecinesciences.org/en/articles/medsci/full_html/2019/07/msc190166/msc190166.html
[3] https://microbiome-foundation.org/le-microbiote/
[4] https://fr.blog.noocity.com/prendre-soin-de-soi/le-microbiote-humain-et-les-bienfaits-du-contact-avec-la-terre/
[5] https://www.youtube.com/watch?v=-GDiyn3ZbSU
[6] https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/nejmoa1508749
[7] https://plattesd.org/hutterite-colonies/
[8] https://hutterites.org/day-to-day/livelihood
[9] https://amishamerica.com/where-do-the-amish-come-from/
[10] https://www.tf1info.fr/sante/esperance-de-vie-les-suedois-vivent-ils-dix-ans-de-plus-en-bonne-sante-que-les-francais-valerie-pecresse-que-disent-chiffres-2208620.html

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