Légumineuses et bactéries, une symbiose qui fonctionne !

Chère amie, cher ami,

À chaque fois qu’Homo sapiens a inventé l’agriculture, il a adopté des légumineuses, ces plantes de la famille des Fabacées.[1]

Et à l’époque, les groupes humains de chasseurs-cueilleurs qui se sont sédentarisés n’avaient pas Internet pour communiquer entre eux !

En Chine, le soja a été choisi. En Inde, le pois chiche. En Mésopotamie et en Egypte, les pois, les lentilles et les fèves. En Amérique, les haricots et les cacahuètes. En Afrique, différentes variétés de dolique.[1]

Les légumineuses offrent de nombreux services aux hommes, aux bêtes et aux plantes…

Encore aujourd’hui, les légumineuses sont cultivées sur de nombreuses surfaces partout autour du globe. En tout, 78 millions d’hectares leur sont dédiés pour une production de près de 70 millions de tonnes de graines par an.[1]

D’autres légumineuses servent aux pâturages comme la luzerne ou le trèfle ou le sainfoin et permettent d’améliorer les sols.[1]

Ces plantes sont connues comme des engrais verts.[2]

Et les Romains, les Incas et les Chinois les utilisaient déjà pour cette raison-là.

Mais on sait aujourd’hui que cette vertu est due au fait que ces plantes apportent de l’azote à la terre.[3]

Les légumineuses sont des fixatrices d’azote dans le sol

Comment cet azote vient-il ?

Marc-André Selosse, professeur au Muséum national d’histoire naturelle, le raconte en détail dans son livre fascinant Jamais seul publié chez Actes sud. [1]

Il explique qu’à la fin du XIXe siècle, des agronomes allemands ont fait pousser des pois sur un sol pauvre en azote, stérilisé ou non.

Ils se sont rendus compte que le pois poussait bien plus vite dans le sol non stérile que dans le sol stérile.

Et ce sol non stérile contenait beaucoup plus d’azote… D’où venait-il ? Des bactéries !

Elles sont cachées dans des nodosités dont sont dotées les légumineuses.

Les nodosités sont comme des fils associés aux racines.

Mais les bactéries ne travaillent pas seules.[1]

Elles sont alimentées par les nodosités qui leur donnent des substrats carbonés, notamment des sucres.

Cette alimentation les déforme et les rend capables d’aller chercher de l’azote.

On appelle les bactéries qui font ce travail le rhizobium.

C’est une symbiose entre les cellules de la plante et des bactéries qui permet de fixer l’azote présent dans l’air.

C’est une capacité caractéristique des légumineuses.[1]

Il y a de la coopération dans l’air (et sous terre) !

À cette association entre nodosités qui apportent de la matière issue de la photosynthèse aux bactéries, s’ajoute celle des champignons mycorhizes.

Ces derniers apportent à la plante l’eau et les minéraux dont elle a besoin.

Cette opération ne se fait pas sans peine pour la plante. Elle représente un coût élevé en matières carbonées issues de la photosynthèse.

De ce fait, la plante fait le plein d’azote mais manque de carbone. Elle est donc ravie d’avoir à ses côtés une autre plante non fixatrice d’azote mais pourvoyeuse de carbone.

Et la plante non fixatrice de carbone sera ravie de bénéficier des apports en azote de la légumineuse.[1,3]

Et voilà encore une coopération !

C’est ainsi que fonctionnent les écosystèmes : en multipliant les liens et les coopérations entre ses membres.

Bactéries, champignons, animaux et plantes fonctionnent ensemble et cela permet à l’écosystème d’être durable.

Ce qui compte, c’est l’équilibre entre les différentes populations de protagonistes.

Le cultivateur a tout intérêt à profiter des services écosystémiques sans chercher à la chambouler tout à fait.

Comment devez-vous préparer les légumineuses ?

Maintenant que vous connaissez tous les services rendus par ces plantes exceptionnelles que sont les légumineuses, je suis sûr que vous ne les mettrez plus de la même manière dans votre assiette.

Toutefois, avant de les cuisiner, il est bon de tremper vos fèves, haricots, lentilles ou pois chiches.[4]

Vous pouvez les laisser tremper une nuit entière ou à défaut quelques heures.

Cela permet de neutraliser les inhibiteurs d’enzymes présents dans les légumineuses qui empêchent la bonne absorption des nutriments.[4,5]

La teneur en vitamines et en minéraux devrait aussi être augmentée.[4]

Par ailleurs, ce trempage permet une “pré-digestion” des aliments qui les rendront plus agréables à votre intestin.[6,7]

Certains cuisiniers conseillent même d’ajouter du sel à l’eau de trempage pour attendrir encore vos légumineuses.[7] Bon appétit !

Naturellement vôtre,

Augustin de Livois

 


[1] Marc-André Selosse, Jamais seul, Actes Sud, 2017
[2] http://www.monjardinenpermaculture.fr/pages/les-engrais-verts
[3] http://www.monjardinenpermaculture.fr/pages/les-plantes-fixatrices-dazote
[4] https://docteurbonnebouffe.com/trempage-legumes-secs-pourquoi/
[5] https://pharmacomedicale.org/pharmacologie/les-sources-de-variabilite-de-la-reponse-au-medicament/45-variabilites-pharmacocinetiques/101-inhibitions-enzymatiques
[6] https://www.sincera-food.com/blog-sincera/le-trempage-des-legumineuses-a-quoi-sert-il-%F0%9F%92%A1/
[7] https://www.ricardocuisine.com/chroniques/chimie-alimentaire/308-l-essentiel-sur-les-legumineuses

Une réponse à “Légumineuses et bactéries, une symbiose qui fonctionne !”

  1. Martin Muller dit :

    Bonjour.

    Merci pour votre abnégation et votre expertise. Vos publications sont riches d’enseignement et de bon sens.
    Encore merci.

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