Trauma complexe : ou comment aller à la source de nombreux maux ?

Chère amie, cher ami,

Les psychologues qui accompagnent les addictions ont exploré, depuis quelques années, un concept relativement nouveau qu’ils ont appelé traumatisme ou trauma complexe. (1)

90% ou plus des personnes sujettes aux addictions seraient concernées par le trauma complexe. (2)

80% de ces personnes sont aussi des personnes plutôt sensibles. (2)

Comprendre cette réalité est donc très utile pour les thérapeutes.

Qu’est-ce que le trauma complexe ?

 

Un traumatisme simple est un choc émotionnel violent. (3)

L’événement s’est produit une fois. C’est un accident de voiture, une agression violente, un viol, un incendie, etc. (3)

Il provoque un stress post-traumatique. C’est un problème de santé que l’on retrouve chez les soldats qui reviennent de mission, par exemple, et qui ont vu des horreurs.

Un traumatisme complexe est une violence physique ou émotionnelle subie à plusieurs voire à de nombreuses reprises.

Cet événement répété crée un sentiment d’insécurité chez la victime qui n’est jamais en mesure de se reposer. (2)

Ce sont des personnes qui sont toujours en alerte, dont l’esprit ne se repose pas. Elles ne savent pas s’abandonner, elles se sentent menacées en permanence. (2)

Et ce sentiment les ronge.

 

Réalité des faits et perception de la réalité

 

Que le traumatisme soit simple ou complexe, il est toujours associé à une perception.

La victime du traumatisme va réagir plus ou moins fortement au choc subi et de manière plutôt inconsciente.

C’est la relecture des faits qui permet de conscientiser ces traumatismes et de les dépasser.

Un même fait, répété ou non, peut provoquer des émotions différentes au sein d’un même groupe.

Cela explique qu’au sein d’une même fratrie certains enfants peuvent mal vivre un traumatisme subi comme l’absence du père, alors que d’autres sont moins ou pas touchés.

Cela dépend de la sensibilité de chacun.

L’enfant qui est traumatisé est celui qui s’est senti en danger. (2)

Un travail de sape qui s’est fait dans le temps

 

Le trauma complexe vient souvent d’une forme de maltraitance subie de manière répétée durant l’enfance ou l’adolescence. (4)

Cela peut aussi se produire à l’âge adulte avec des problématiques de harcèlement par exemple.

Ces traumatismes répétés engendrent des difficultés relationnelles, affectives ou comportementales ultérieures.  (1,4)

Cette maltraitance subie peut être de différents types. Cela a pu être (2,3):

  • la négligence liée aux parents qui travaillent trop ou qui sont absorbés par leur téléphone, etc.,
  • senti par les enfants en cas de divorce ou de décès d’un parent ou d’un grand-parent ; les enfants adoptés ou placés dans des institutions, peuvent connaître ce sentiment d’abandon,
  • des piques verbales à répétition qui dévalorisent et empêchent l’épanouissement de l’enfant ou de l’adolescent,
  • le manque de respect ou d’acceptation d’un enfant,
  • les cris réguliers,
  • le manque de cadre ou les règles qui changent tout le temps,
  • les reproches incessants,
  • l’injustice manifeste et répétée,
  • le manque de cohérence éducative : un jour, l’enfant est puni pour rien, le lendemain tout passe,
  • l’absence d’honnêteté et de confiance,
  • les mensonges récurrents et la mauvaise foi,
  • les intimidations,
  • les ordres permanents venants de parents dictatoriaux,
  • les moqueries, par exemple à l’école, avec un enfant harcelé par le groupe qui ne peut plus aller en cours sans avoir la peur au ventre,
  • les incompréhensions régulières,
  • les violences,
  • les abus sexuels.

Évidemment, ces maltraitances n’ont pas le même degré de gravité.

Elles ont en commun de créer un sentiment d’insécurité chez l’enfant.

Identifier ces maltraitances ou ces manques est utile parce que cela permet de trouver la cause de certains problèmes de santé. (2,3)

 

Les conséquences possibles du trauma complexe

 

Le trauma complexe peut créer des troubles d’ordre psychologiques comme :

  • le manque d’estime de soi,
  • le manque de confiance en soi,
  • ou l’incapacité à faire face à une situation de stress.

Mais cela est vrai aussi pour des symptômes physiques. Quand le patient guérit des conséquences de ces traumatismes complexes, la douleur ou le mal disparaît.

Cela est également vrai dans le domaine de la santé mentale.

Les traumas complexes expliquent en partie (2):

  • la dépression,
  • les troubles de l’attention chez l’enfant et chez l’adulte,
  • l’angoisse,
  • les troubles oppositionnels avec provocation qui correspondent à une défiance récurrente envers les pairs, les parents ou toute forme d’autorité,
  • les troubles du comportement,
  • troubles de la personnalité,
  • les phobies,
  • les psychoses.

De même, les difficultés d’apprentissage chez les enfants peuvent être liées aux traumas complexes.

 

Le rôle de la culture et des parents

 

Les traumas complexes subis dans l’enfance sont souvent le fait des parents ou des adultes chargés de l’éducation.

Quand on est parent, cette réalité est difficile à entendre.

Pourtant, il faut regarder la situation avec bienveillance et sans jugement.

Même si vos parents ont été aimants et qu’ils ont bien pris soin de vous, vous pouvez avoir eu des traumas complexes durant votre enfance.

Les parents peuvent faire du mal à leurs enfants sans l’avoir voulu, sans même s’en rendre compte.

Des parents qui doivent s’absenter pour aller travailler n’y peuvent rien.

De même, la famille peut traverser une période difficile de stress ou d’inquiétude qui peut créer des tensions.

Et puis, les enfants arrivent avec une personnalité, une sensibilité qui leur est propre et ils ne sont pas livrés avec un mode d’emploi !

Par ailleurs, il existe des atavismes familiaux, des chaînes de comportements reproduits depuis des générations qui perpétuent des traumatismes.

En regardant de plus près ces cycles, vous pouvez incarner la génération qui change les choses ou qui facilite une prise de conscience chez les suivantes.

Accepter, soigner et avancer

 

Notre condition d’être mortel et vulnérable fait que nous ne pouvons pas échapper aux traumas simples ou complexes.

Ils font partie de la vie. On peut toutefois limiter le risque et apprendre à accompagner ces traumas.

Et si un trauma complexe a engendré un trouble, il est bon de le voir, de l’accepter et de le soigner.

Cela permet d’apaiser la souffrance et de limiter, voire de supprimer le trouble ou l’addiction.

Ce qui compte, ce n’est pas de s’arrêter sur la cause du trouble, mais de la dépasser.

Cela passe par un travail d’acceptation, parfois de pardon et ensuite de paix intérieure.

L’idéal bien sûr est de faire ce travail avec un bon thérapeute !

Naturellement vôtre,

Augustin de Livois

 


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